
"BASIC"
QUESTIONS TO INSPIRING MINDS
Interview series - Série d'interviews
2025 08
Marie David Gion
Directrice Associée
KENVUE
Depuis 2022
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Qu’est-ce qui t’a amené(e) vers le secteur cosmétique ?​
Je suis arrivée finalement en cosmétique un peu par hasard...Mon souhait été de travailler sur le développement de produits qui allait toucher le consommateur dans sa vie quotidienne mais je n'avais pas forcément en tête de me restreindre au domaine cosmétique. J'ai d'ailleurs commencé ma carrière au développement de produit ménager (cirage chaussure, entretien sols et meubles) ce n'est qu'ensuite qu'une opportunité interne dans mon entreprise à l'époque m'a fait découvrir le monde de la cosmétique que je n'ai pas quitté depuis (17 ans déjà!)​
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Qu’est-ce qui te touche, t’inspire ou te passionne dans les produits cosmétiques ?
​Ce que j'aime avant tout (en lien avec ma passion de départ) c'est principalement que ce sont des produits du quotidiens pour nos consommateurs. Mais que ces 'petit rien' du quotidien, ont parfois un rôle clé dans la vie de nos consommateurs. Nous recevons parfois des témoignages poignant de consommateurs pour qui nos produits leur ont changé la vie (notamment sur les peaux atopiques, acnéiques etc.) Il n'y a pas de meilleure reconnaissance que celles de nos consommateurs directs.
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Comment mets-tu en valeur la science derrière vos produits et quels défis rencontres-tu dans cette démarche ?
Aujourd'hui, de part les marques sur lesquelles je travaille qui sont principalement globales, mon rôle est surtout de relayer la science qui a déjà été construite autour de nos innovations par les équipes globales auprès de nos clients (retailers, pharmaciens) et consommateurs dans la région. Cela se traduit par des évènements avec des influencers, medias avec des présentations au retailers/HCP, des démonstrations de l'efficacité de nos produits etc. Le challenge principal etant de devoir prioritiser, et donc former des équipes plus locales pour se faire le relais de la science au niveau local dans les marchés/sur les marques moins prioritaires. ​
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Un produit ou une innovation dont la communication t’a semblé particulièrement juste ou inspirante ?
J’ai bien aimé la récente campagne menée par Neutrogena aux États-Unis pour leur gamme solaire Ultra Sheer, avec John Cena pour illustrer la texture invisible du produit. Ce n’est pas un exemple marquant de vulgarisation scientifique, mais c’est une excellente démonstration d’une campagne claire, mémorable et qui casse les codes, en s’éloignant des traditionnels mannequins beauté.
Je pense que j’ai un biais quand il s’agit de campagnes “scientifiques” : je repère tout de suite les mentions légales, les tournures de claims, les astuces de formulation… Du coup, je ne les perçois pas du tout comme un consommateur moyen le ferait.
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Y a-t-il une idée reçue que tu aimerais déconstruire, en interne ou en externe ?
​La course aux pourcentages élevés d’ingrédients : c’est trop souvent un raccourci utilisé à la place d’une vraie démarche scientifique.
L’efficacité d’un produit ne repose pas uniquement sur certains ingrédients isolés, mais sur l’ensemble de la formule.
Un ingrédient peut parfois être plus performant à faible concentration si la formule qui le contient est bien construite et inversement.
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Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui débute ? Ou une chose que tu aurais aimé comprendre plus tôt ?
Relativiser. Dans toutes mes expériences, toutes mes entreprises, j'ai parfois du faire des compromis, mettre en application des décisions qui n'étaient pas les miennes. Mais lorsque l'on reste dans le secteur des cosmétiques, il faut garder le recul suffisant: cela reste des produits du quotidiens, sans enjeux majeurs, et pour la plupart une alternative est déjà disponible sur le marché pour nos consommateurs (même si pas encore optimale). Ne pas mettre en jeu sa santé mentale pour ces contrariétés, et si cela devait être le cas, changer d'entreprise pour coller au mieux à ses propres valeurs.​​​​​
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2025 07
Diane Baras
Dirigeante et coach
YOLO Conseil & Coaching
Depuis 2019
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Qu’est-ce qui t’a amené(e) vers le secteur cosmétique ?​
​Un hasard (ou presque) ! J'étais en études d'ingénieur et en toute honnêteté j'étais profondément malheureuse car je faisais alors de la science pour la science, ce qui - pour moi - manque de sens ou du moins ne me comble pas. J'ai besoin d'avoir un impact clair. Lorsque j'étais en troisième année d'études, j'ai recherché mon stage de fin d'études : rien ne me plaisait.... au point que j'ai envisagé de bosser chez McDonald's le temps de me reconvertir. Et puis, quelques jours avant la deadline pour trouver son stage arrive une proposition de chez L'Oréal, dont l'intitulé était "comprendre la diffusion de la lumière dans la peau pour savoir pourquoi certaines femmes japonaises parlent de teint transparent et lumineux". En toute honnêteté, je n'avais rien compris à l'énoncé du stage, mais par contre ça me paraissait mystérieux et poétique... Il y avait quelque chose d'extrêmement attractif. J'ai postulé. Dès le premier jour j'ai compris que j'étais - enfin - à ma place. Avec l'âge, j'ai réalisé que la cosmétique utilise la science pour avoir de l'impact, notamment pour les femmes, pour valoriser leur beauté, mais aussi leur estime de soi. À cela s'ajoute une dimension artistique très forte qui m'a toujours fascinée. À l'époque je n'ai pas mis les mots en ce sens mais je pense aujourd'hui que véritablement le monde cosmétique me permettait d'exprimer toutes mes sensibilités et singularités pour un bel objectif.
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Qu’est-ce qui te touche, t’inspire ou te passionne dans les produits cosmétiques ?
​Ce qui me touche dans les produits cosmétiques, c'est l'impact qu'ils vont avoir sur la femme. Pour certaines femmes, la cosmétique ouvre à un moment pour prendre soin de soi, pour se respecter, pour se transformer, pour se faire du bien. C'est un moment unique. C’est également un moment ultra sensoriel, presque de poétique. C'est pour toutes ces raisons que je trouve les produits cosmétiques magiques.
Aussi, derrière la cosmétique il y a à la fois la rationalité de la science, mais aussi la magie de la créativité. La cosmétique c'est un monde qui sait être à la croisée des chemins entre rationnel et irrationnel, entre sérieux et décalé. C'est un monde des paradoxes. C’est un monde qui rassemble des expertises très différentes pour créer quelque chose d’unique et magique.
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Comment mets-tu en valeur la science derrière vos produits et quels défis rencontres-tu dans cette démarche ?
​Comment j'ai mis en valeur la science derrière les produits ?
À mon sens, la science peut être facilement mise en valeur quand elle répond à un besoin.
Et quand elle permet une véritable amélioration de vie.
L’écueil réside toutefois dans un discours trop scientifique qui devient élitiste. Il y a un enjeu à « doser » la science et trouver une bonne balance entre d’un côté la science et la rationalité et de l’autre côté la créativité, l’artistique et l’imaginaire. Mettre le curseur au bon endroit est loin d'être simple.
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Un produit ou une innovation dont la communication t’a semblé particulièrement juste ou inspirante ?
​Que de vieux souvenirs !
Quand j'étais à la direction marketing international chez L’oreal Paris, à ce moment-là est arrivé un nouveau directeur général, Cyril Chapuis qui a balayé la façon de communiquer et de faire les pubs avec quelque chose de très dépoussiéré, beaucoup plus jeune, beaucoup plus moderne.
Il y avait à ce moment-là presque de l’insolence.
J’avais trouvé admirable la façon dont il avait su ré-inventer à ce moment-là la marque L’Oréal Paris pour lui donner un nouveau souffle beaucoup plus moderne.
Je me souviens notamment de l'utilisation de la musique, une musique extrêmement dynamique. Et pour autant, les les morceaux musicaux n’étaient pas forcément les tubes du moment. Il y avait une vraie recherche musicale pour identifier des partitions qui disaient beaucoup.… car inconsciemment la musique était évocatrice d'efficacité produit. C’était un claim caché. Presque plus puissant que les claims chiffrés de l’époque. C’était smart car incontestable !!!
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Y a-t-il une idée reçue que tu aimerais déconstruire, en interne ou en externe ?
​L'idée reçue que j'aimerais déconstruire en interne et externe, c'est surtout le fait que la cosmétique est « cosmétique » au sens de « inutile » / « futile ».
Non la cosmétique est puissante. C’est un moyen, qui s’inscrit dans une démarche holistique, de bien-être et qui permet d’améliorer l’estime de soi. Aujourd’hui, je suis Coach. J’agis avec d’autres techniques sur l’estime de soi. Pour autant, le spectre d’action est large. Et la cosmétique a sa place.
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Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui débute ? Ou une chose que tu aurais aimé comprendre plus tôt ?
​Mettre de "soi" dans son job : sa singularité, sa "touch", son "essence". C'est ça qui contribue à rendre le job passionnant, à le réinventer et à faire progresser la cosmétique.
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Qu’est-ce que j’ai oublié de te demander ?
​Quel est l'après cosmétique ? Parce qu'il y a une vie après la cosmétique. Dans mon cas, je suis devenu Coach et je travaille à développer la confiance en soi des hommes des femmes pour leur permettre de dépasser les problématiques qu’ils rencontrent au quotidien, que ce soit des problématiques professionnels ou personnel. Tout ça contribue encore une fois encore à améliorer l'estime de soi des gens. Donc finalement j'ai un mode d'action qui est radicalement différent de la cosmétique, mais qui poursuit un même objectif.
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2025 06
Nathalie Issachar
Directrice R&D
Clarins
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Qu’est-ce qui t’a amené(e) vers le secteur cosmétique ?​
​C’était mon rêve depuis l’enfance. Je voulais développer des parfums, des crèmes et du maquillage. "J'empruntais" ceux de ma mère. J’ai réussi à suivre la voie, entre études et expériences professionnelles, pour le réaliser !
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Qu’est-ce qui te touche, t’inspire ou te passionne dans les produits cosmétiques ?
​L’émotion qu’ils procurent aux personnes qui les utilisent, ainsi que le bien-être qu’ils apportent, en plus de leurs bénéfices revendiqués.
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Comment mets-tu en valeur la science derrière vos produits et quels défis rencontres-tu dans cette démarche ?
​En expliquant les mécanismes biologiques que les actifs ciblent. En détaillant les bénéfices qu’ils apportent. À travers des revendications biologiques et cliniques. Chiffrées quand c’est possible. Et grâce à des photos avant/après, très convaincantes pour les consommateurs.
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Un produit ou une innovation dont la communication t’a semblé particulièrement juste ou inspirante ?
Le Double Serum de Clarins.
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Y a-t-il une idée reçue que tu aimerais déconstruire, en interne ou en externe ?
Que "les plantes sont douces, mais n’ont pas vraiment d’effet sur la peau". Or, certains des médicaments les plus efficaces viennent justement des plantes.
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Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui débute ? Ou une chose que tu aurais aimé comprendre plus tôt ?
Suis tes rêves. Vise la lune.
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Qu’est-ce que j’ai oublié de te demander ?
​"Est-ce plus difficile pour une femme de faire carrière ?" Ma réponse aurait été NON !
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